Le Système Dorothée:
comment il rend les gens cons !
29 décembre 1994
Il y a
bientôt vingt ans, paraissait pour la première fois sur nos écrans
télévisés Casimir, dont personne ne saurait oublier le gloubiboulga
au poivre et qui, sans fulguro-poings ou astro-hache, nous amusait quand même,
voire nous fascinait. Christophe Izard et la deuxième chaîne donnaient
enfin aux enfants leur émission. L'arrivée de "Gueule-de-roc"
en 1978 allait tout changer et annonçait déjà une modification
radicale de ce qu'allaient devenir les émissions dites pour enfants. L'invasion
de la culture japonaise du dessin animé allait se poursuivre pendant 10 ans
et permettre à la première chaîne d'acquérir la suprématie
de l'audimat. Avec la création de nouvelles chaînes, la concurrence
allait apparaître pour atteindre son paroxysme en 1987, où TF1 et La
Cinq entamèrent une guerre de programmation nippone.
Pour
essayer de garder sa position de leader, TF1, par l'intermédiaire de Jean-Luc
Azoulay (le "A" de AB Production), met au point le "Système
Dorothée" (système D.) et La Cinq invente le présentateur
animé (le petit lapin de "Youpi, l'école est finie !"). Carlo
Freccero, directeur des programmes de La Cinq (avant la reprise par Lagardère)
expliquait alors pourquoi l'exploitation du dessin animé (da.) japonais de
qualité moyenne était inévitable: "C'est une question de
bon sens, il faut bien consommer de temps en temps des produits en boîte. Même
si le poisson frais est délicieux, le surgelé n'est pas un désastre
!"
En 1990, Jean-Luc Azoulay s'affirme comme le Vivagel de la télévision
en martelant à coups de Sitcom (de l'anglais "situation comedy")
les programmes de TF1, et se justifie: "Depuis 1987, nous avons l'obligation
d'avoir une clientèle. Alors oui à l'audimat. Oui au jugement des millions
de téléspectateurs et non au qualimat de quelques-uns. Nous travaillons
pour le public et nous n'en avons pas honte."
Trois ans après, la situation de nos programmes télévisés
ou plutôt de ceux destinés aux enfants et adolescents ne s'est pas améliorée.
Le système D. fait rage et rien ni personne ne semble pouvoir freiner sa progression
dévastatrice.
Assuré
du fait que ce fameux système D. rend les gens cons, il faut quand même
en chercher les raisons. Malgré l'assurance du patron d'AB à affirmer
que la télé n'a aucun pouvoir sur les spectateurs, on se demande pourquoi
les publicitaires persistent alors, depuis tant d'années, à nous bourrer
le crâne de produits. Christophe Izard, chevalier en croisade contre le dragon
Dorothée, semble plus proche de la réalité : "La télé
est trop importante pour que les objectifs sociaux et éducatifs soient oubliés.
Elle doit être utile aux enfants, leur apporter autre chose que de la pure
distraction." Même La 5, en son temps, notait, dans un rapport de sa direction
du marketing, une "absence notoire de sélectivité des enfants
en ce qui concerne leur consommation de ce type de produits, quel que soit le genre
abordé, le format ou la provenance: les enfants regardent ce qu'on leur propose,
en fonction de leur unique disponibilité physique."
Donc, si la télé a une telle influence sur les enfants, pourquoi sont-ils
inconditionnels du Club Dorothée ? Après tout, il pourrait bien regarder
nos deux chaînes nationales. Le problème est que d'une part, les parents
n'ont jamais le temps de s'occuper de leurs mômes et préfèrent
qu'ils soient rivés devant leur petit écran, sans vérifier les
programmes qu'ils regardent. D'autre part, les chaînes publiques n'ayant pas
voulu se lancer dans la programmation de dessins animés japonais, n'ont pas
été capables de concurrencer TF1. Il est vrai que France 3 diffusait
à une époque certains d.a. japonais comme "Signé Cat's
Eye", "Le Roi Léo" ou "Prince Saphir", mais la rumeur
dit que les responsables de la chaîne ne savaient pas que ces programmes étaient
japonais…
Ces
raisons n'expliquent pas tout. Cette concurrence impossible est surtout venue du
fait de la création et l'exploitation sans faille du système Dorothée.
Le système D. est la manifestation du monstre tentaculaire qu'est AB, à
l'origine AB Disques, montée par Jean-Luc Azoulay et Claude Berda, qui produisait
les disques d'une jeune présentatrice chanteuse, Dorothée. L'affaire
s'est développée et fractionnée en une douzaine de sociétés
(ce qui explique que l'on ne voit jamais figurer AB dans les palmarès des
500 premières entreprises en France). Les plus importantes sont AB Disque,
AB Production, AB Broadcast, AB Télévision, AB Vidéo, SFC (Dorothée
Magazine), Pense à Moi (disques) et Dagobert (vidéo).
Bien
qu'elle ne maîtrise pas l'engrenage créé par Jean-Luc Azoulay,
comme elle voudrait le faire croire, Dorothée est l'épicentre de "son"
système. En prenant l'émission Club Dorothée comme point de
départ, on peut mieux se rendre compte de ce qu'il représente et de
l'impact qui en résulte sur les téléspectateurs. Ouvrons les
"Portes de la Chapelle" pour entrer dans le monde merveilleux de Dorothée,
qui vient juste d'être agrandi et refait à neuf.
Depuis 1987, Dorothée est responsable de l'unité jeunesse de TF1 qui
la paye grassement environ 96 000 francs par mois. Elle reste aussi l'artiste n°1
d'AB, avec lequel elle touche des droits d'auteurs pour la vente des disques et autres
produits, et pour les concerts (préparés un an à l'avance).
Elle est entourée de ses fidèles Ariane, Corbier et Jacky dont la rémunération
se situe entre 30 et 40 milles francs mensuels. L'ex-télévendeur Patrick
Simpson-Jones est revenu se joindre à eux car on lui a promis de financer
l'une de ses émissions. Bref, c'est dans le plus grand désintéressement
que ces joyeux drilles amusent nos enfants.
Le Club Dorothée n'est pas une simple émission où l'on trouve
des d.a., des jeux, des variétés et des sitcoms ; c'est aussi un véritable
Club qui ne compte pas moins de 35 000 adhérents. Ceux-ci participent aux
émissions, soit en se déplaçant, mais surtout en utilisant le
téléphone et le minitel. Ils élisent les meilleurs d.a. et chansons,
jouent avec l'équipe D. et gagnent pleins de cadeaux, comme des pin's des
séries, ou des abonnements au Dorothée Magazine. Si leur participation
venait à diminuer, le personnel d'AB serait invité à se précipiter
sur les Minitels de la société pour élire les meilleures séries
et tubes que la bande D. leur indiquerait. Le minitel a d'ailleurs attiré
la foudre de nombreux parents sur toute l'équipe du Club D., aux vues des
notes téléphoniques exorbitantes que leurs enfants provoquaient. Pour
améliorer son image auprès des parents, l'équipe D. a donc trouvé
un moyen imparable : inviter les parents aux émissions et les faire participer.
Et pour appuyer cette action, on constate depuis quelque temps l'empressement d'Ariane
à conseiller aux enfants de demander à leurs parents l'autorisation
de se servir du minitel.
Entre
1987 et 1990, le Club D. n'a cessé de diffuser des d.a. japonais. Ceux-ci
n'étaient pas forcément choisis pour leur qualité. AB achetait
simplement des séries japonaises en package qu'elle payait cash et à
bon prix, sans trop connaître tout ce qu'on lui proposait. D'ailleurs, beaucoup
de ces séries ont été doublées sans être jamais
diffusées, et il reste sûrement dans les tiroirs d'AB de très
bonnes séries, car les Japonais peuvent quand même faire de très
bons d.a. Depuis 1991, date à laquelle le CSA a donné un avertissement
au Club D. pour violence caractérisée dans la série Dragon Ball,
les choses ont changé. Le boucher AB censure toutes les séries si bien
que les d.a. n'ont plus de continuité ; on voit un petit garçon qui
crie : "tu as frappé mon père" et la scène suivante,
sans raisons apparentes, il est au sol, blessé et les méchants ont
disparu.
Des séries comme les Chevaliers du Zodiaque, constamment rediffusées,
se retrouvent aussi censurées. Alors qu'un épisode dure 20 mn, certains
après censure ne durent plus que 10 mn, moins parfois, ce qui fait plus de
place pour les écrans publicitaires. Les censures sont draconiennes, des psys
sont payés pour faire ce boulot qu'ils exécutent avec zèle,
s'ils veulent garder leur place. Même s'il n'y a rien à censurer, ils
justifient leur salaire. Ces censures sont facilement repérables car non seulement
elles gênent la compréhension de la série, déjà
bien compliquée, mais en plus les musiques et effets sonores s'arrêtent
brusquement puis d'autres effets et musiques se superposent. Apparemment le CSA est
très content car depuis que ces séries sont incompréhensibles,
ils ne réagissent plus contre Dorothée. AB de son côté
profite du mouvement sitcom pour acheter tout ce qui sort aux États-Unis ou
produire ses propres da. Même qu'est-ce que les enfants comprennent dans tout
ça ?
Dans la partie variétés de l'émission, on entend toujours les
mêmes "artistes" que l'on ne voit jamais ailleurs (sauf chez Drucker).
AB possède deux labels pour vendre ses disques. Le premier, AB Disque, produit
les chanteurs dits "maisons" comme Dorothée, les musclés,
Minet en solo, Emmanuelle et la dernière arrivée, Hélène.
Le deuxième label, Pense à Moi, lui produit des artistes que l'on entend
plus, les gloires déchues de la variété française comme
Dave, Alain Barrière, Linda de Suza ou les "ils sont gentils, on les
aime bien" comme Carlos, Benny B et récemment Jeanne Mas qui se fait
produire son dernier clip et album. Dans les émissions du Club D. on écoute
tous ces "talents" comme les meilleurs des hits, mais qui en réalité
ne sont premiers qu'au top nullos d'AB.
Le Do.Mag., la vente des disques D. et des artistes maisons, les concerts et les
shows financent les tournages de sitcoms. Pour faire la promotion de ces sitcoms
AB a lancé un nouveau magazine, le Club Plus Vedette. AB a multiplié
la création de sitcoms pour faire face aux règles de programmation
du CSA et à la diminution de la diffusion des d.a. japonais. Les séries
sont tournées dans les mêmes studios et avec les mêmes équipes
que pour le Club D. Les comédiens d'Hélène et les garçons
apparaissent régulièrement chez Dorothée où ils figurent
au hit des séries à la première place. Tous les sitcoms sont
liés entre eux. Le premier, Les Musclés, a donné naissance à
Premiers baisers où l'on retrouve Justine, la nièce de Framboisier.
Hélène et les garçons raconte l'histoire d'Hélène,
la grande sśur de Justine. [On n'a pas encore trouvé le lien avec le Collège
des cśurs brisés] Et le dernier né, Du miel pour les abeilles raconte
la vie de la cousine d'Hélène.
Pour terminer l'année en beauté, Jean-Luc Azoulay s'est surpassé
en écrivant un épisode exceptionnel où tous les personnages
de ces sitcoms se réunissent. Et dans un élan de créativité,
il a réussi à faire participer son personnage fétiche, Dorothée,
accompagnée de ses gais compagnons, promue cousine d'un des musclés.
Enfin, il lui a redonné pour cette fin d'année, sa place de star du
système portant son nom. 
Le tournage d'un épisode de sitcom revient à peu près à
150 000 francs, somme qui n'est amortie qu'à la première rediffusion.
Mais les bénéfices arrivent très vite, comme c'est déjà
le cas avec Premiers Baisers et les musclés qui sont rediffusés. De
plus, ces sitcoms sont vendus à des pays comme l'Espagne, l'Allemagne, la
Corée à un prix très concurrentiel sur le marché : 150
000 f, ce que coûte l'épisode en production. Le système D. s'auto-alimente
et s'exporte donc bien. AB tente même de vendre Hélène… Aux États-Unis,
et si elle réussit, elle deviendra la première société
de production européenne à avoir traversé l'Atlantique. En tout
cas, si l'argent n'a pas d'odeur, chez AB elle a de drôles de relents. Quand
on sait que pour le casting des sitcoms, le mot d'ordre est "pas de noirs, pas
d'Arabes, pas de problèmes", et qu'il n'y a pas l'ombre d'un délégué
syndical qui pourrait essayer de comprendre pourquoi tout le personnel d'AB est payé
1/3 moins que dans les normes syndicales communément admises.
Cette
analyse du système D. ne serait pas complète sans un approfondissement
sur la réalisation des sitcoms, nouvel atout de programmation d'AB. Après
avoir fait le tour du propriétaire il semble donc logique d'entendre ce dernier
ainsi que ses locataires. Suite à sa visite dans l'antre du système
D., notre reporter a pu recueillir de nombreux témoignages sur le plateau
d'Hélène… qui ne sont pas toujours en faveur du maître des lieux,
Jean-Luc Azoulay. L'ambiance n'est pas très joyeuse, comparée à
celle des tournages de Premiers Baisers. Mais pour masquer un malaise latent, "la
croisière s'amuse", comme l'explique Frédéric Espinasse,
assistant réalisateur : "C'est une nécessité que d'être
en décalage. L'équipe sait très bien que ce qu'elle tourne est
nul. Tout ce qu'on peut exiger, c'est qu'on fasse le plus professionnellement possible."
Selon Rochelle Redfield (Johanna dans Hélène…), l'astreinte de temps
des prises rend impossible toute qualité de confection. Elle explique que
"le texte n'en étant pas un, le personnage n'étant pas là,
il faut bien s'occuper." Les techniciens enfoncent le couteau : "On n'est
pas pro, c'est de la merde. C'est sympa Hélène et les garçons,
on ne fait que des heures sup. à cause des retards et on a même baissé
mon salaire de cinquante francs ! On était là à la base d'AB
et maintenant ils embauchent au hasard des jeunes cons : le boulot est nul, aucune
création, quand la machine est rodée, on n'existe plus. Pourtant, le
matériel est excellent [AB ayant récupéré une partie
du matériel de La 5 pour une bouchée de pain], c'est la façon
de s'en servir qui déconne totalement. On perd notre temps mais pas eux :
un épisode par jour, quatre par semaines, tu vois la machine à sous.
Nous on tourne à 500 FF par jour."
Perdu dans les hautes sphères de ses créations, on comprend que le
démiurge Azoulay a d'autres préoccupations que les revendications de
ses employés quand il déclare : "La sitcom c'est Molière
! Si vous commencez à faire autre chose que Molière, c'est fichu !
Si vous commencez à intellectualiser, la sitcom n'est plus ce qu'elle doit
rester : du bon sens littéraire. Et puis, vous savez, comme pour le western,
les intellos trouveront bien matière à théoriser aussi sur la
sitcom. Après cela, ça passe dans les mśurs et on trouve ça
génial."
Pourquoi tant de malaise dans chaque mot des comédiens ? Pour David Proux
(Etienne) : "c'est parce que les comédiens ont mauvaise conscience".
"Résumons-nous, dit Patrick Puydebat (Nicolas), le texte est écrit
en deux heures, on a une journée pour le tourner." Rochelle aura bien
"supplié le producteur de tourner plutôt en deux jours, pour s'appliquer.
J'acceptais même d'être payé à moitié."
En plus des mauvaises conditions de tournage, les acteurs ont souvent à se
plaindre des mauvais scénarios et dialogues qu'on leur présente. "On
ne parle pas comme ça - les phrases interminables veulent si peu dire - les
tirades n'ont rien à voir entre elles - on a été obligé
de faire de la diction - des textes injouables dont la continuité temporelle
est souvent même fausse - Bref, ce n'est pas un texte" confient successivement
David, Patrick, Philippe Vasseur (José), Rochelle et les techniciens. "De
toutes façons, soupire David, il sait que le niveau du texte est nul, qu'il
ne fera pas mieux." Ce à quoi répond un indétrônable
Azoulay : " Ce que j'écris me plaît, j'arrêterais de le faire
si cela ne me plaisait plus. Je suis content de ce produit." En tout cas, ce
n'est pas vraiment l'avis de Patrick Puydebat : "Le type qui écrit, il
sait très bien que c'est de la merde, que le truc est mauvais à la
base mais que ça marchera. Et ça marche…"
Mais ce vent de contestation reste vain et n'atteint pas les oreilles du dieu de
la chanson pour enfants et des séries pour adolescents débiles et adultes
attardés, qui lui n'en pense pas moins, tout comme sa directrice artistique,
Bénédicte Laplace : "Remettons les choses à leur place
: ces acteurs ont du mal à se dépatouiller avec tout parce qu'ils n'ont
jamais rien fait avant."
Non, décidément, nous n'arriverons pas à lui faire comprendre
que la télé n'est pas aussi innocente qu'il veut bien se le faire croire.
Même lorsque Patrick Puydebat et Frédéric Espinasse affirment
l'un après l'autre que "Les jeunes absorbent la télé comme
une nourriture sans vraiment discerner le vrai du faux" et que "La sitcom
est une image à consommer n'importe comment." "Mais c'est faux !
contredit violemment Azoulay. Tout ça c'est des idées, c'est comme
pour Bruel, c'est de la publicité : combien de filles pensent vraiment comme
lui ? [Deux, trois millions à peine…] Mais c'est le drame de la France, le
vôtre et celui de "Libération" que de prendre les gens pour
des idiots : chaque jeune est un être intelligent qui a son libre-arbitre et
qui ne fait pas que bouffer de la télé… Chaque être humain est,
à priori, intelligent."
"C'est plus intéressant de faire de la télévision pour
le public que pour les despotes éclairés : le gouvernement, les intellos…
Non, nous ne sommes pas des despotes éclairés car nous avons la sanction
de l'audience. Et l'audimat, c'est la création. Vous savez, la France a vécu
trop longtemps dans un système monopoliste de trois chaînes d'état,
sans aucun critère de rentabilité, de la télévision pour
la direction et non pour le public", conclu J.-L. Azoulay.
On
frémit devant ce despote télévisuel et se demande quand cessera
le massacre. Rien ni personne ne semble pouvoir détrôner le système
D. Pourtant, il ne faut pas aller chercher bien loin le ver qui, peu à peu,
risque de pourrir ce fruit déjà corrompu. Quelle est donc la chaîne
de télé capable d'ébranler AB et le système D. ? Ne cherchez
pas, vous ne pouvez pas imaginer la réalité ironique et cynique : TF1,
chaîne "suprême" n'ayant pas de concurrents à sa hauteur
a trouvé la solution, se concurrencer elle-même. Reste à savoir
si c'est voulu. Toujours est-il que le Club D. voit sa part d'audimat grignotée
de plus en plus par ses amis du Disney Parade.
Une guerre D/D (Dorothée/Disney) pourrait-elle s'instaurer dans les rangs
de la première chaîne de télé française ? Ou plutôt,
ne serait-ce pas TF1 qui tendrait à se débarrasser petit à petit,
non pas du système D. mais plutôt de ceux qui le contrôlent pour
l'instant, AB…
Contrairement à Azoulay, les responsables de TF1 ont déjà compris
que Dorothée n'était pas immortelle, et dans leur recherche actuelle
de nouveaux visages (adieu Sabatier) un jeune talent comme Anne (du Disney parade)
est idéal pour prendre la suite de Dorothée. C'est pourquoi TF1 instaure
à l'égard d'AB une politique de produit bien spécifique : toutes
les cassettes vidéos de séries programmées dans le Club D. porteront
le label de TF1 vidéo systématiquement et non plus celui d'AB Vidéo
ou Dagobert. AB ne vit que grâce à TF1 et à Dorothée,
or, cette dernière est, avant tout, employée par TF1…
La trinité du système Dorothée
Dorothée
De
speakerine puis responsable des programmes jeunesse été sur A2, Dorothée
n'a pas hésité en 1987, devant la proposition rémunératrice
de TF1, pour un poste similaire. TF1 propose alors à AB de produire les émissions
de Dorothée puisqu'ils travaillent déjà ensemble. Depuis 1988,
Dorothée a une totale liberté de mouvements. Elle en profite même
pour créer une Sitcom, "Marotte et Charlie" qui n'est qu'une basse
vengeance à l'égard de deux de ses anciennes collègues d'A2,
Marie et Charlotte. Elle fait de nombreux concerts et arrive à 38 ans avec
une grosse fortune sur son compte en banque.
Mais l'argent ne fait pas toujours le bonheur, et Dorothée aimerait bien prendre
sa retraite. Mais son père "spirituel", Azoulay la croyant éternelle
n'envisage pas l'avenir d'AB sans elle. Plaindrons-nous la "pauvre" Dorothée
qui, couvée et protégée par Azoulay depuis ses débuts
à la télévision, n'a jamais vraiment pu faire sa vie ?
Claude Berda.
Il
possède des maisons avec piscines intérieures et extérieures
et tout le luxe dont on peut rêver, des terrains immenses pour la chasse. Homme
de l'ombre, il travaille très peu sur les plateaux d'AB et s'occupe avec génie
de toute la gestion et du financement du groupe. Les nouveaux locaux lui appartiennent
en grande partie.
Depuis 1988, Claude Berda veut s'étendre et diversifier les activités
de son groupe. Jean-Luc Azoulay ne veut s'occuper que de Dorothée. C'est pourquoi
Berda a commencé à louer les studios à d'autres sociétés
et créa la série Cas de Divorce pour La 5 et le jeu Question de Charme.
Bien que freiné par son associé, Claude Berda est à l'origine
des nouveaux produits d'AB comme les Sitcoms.
Jean-Luc Azoulay
Mé(ga)lomane
éclairé, Jean-luc Azoulay s'est fait construire (sans permis) un chalet
de trois étages sur les nouveaux bureaux d'AB, pour pouvoir exercer son talent
d'écrivain jour et nuit, et garder un śil paternaliste sur sa petite entreprise.
Il écrit avec Gérard Salès, sous le pseudonyme de Jean-François
Porry, toutes les paroles des chansons des artistes "maisons" et refait
tous les génériques des da. japonais pour ne pas avoir à payer
de droits d'auteur et des compositeurs. Ses chansons se ressemblent toutes. Le but
n'étant pas de rentrer dans le top 50 (heureusement) mais de mettre un générique
à la place de l'original japonais ; toutes les musiques des séries
d'AB sont calquées sur celles de Bioman, les Chevaliers du Zodiaque, etc.
C'est souvent une boîte à rythme qui ne produit qu'un seul son.
Les paroles des chansons sont toujours les mêmes. Après chaque générique
elle sont mises dans un chapeau pour les mélanger un peu avant de les retirer
pour faire un nouveau générique. Pour les séries de filles,
les paroles qui reviennent le plus souvent sont : "Elle a au fond du cśur le
secret du bonheur, une gentille petite fille, etc… Pour les garçons : "ils
ont le pouvoir de combattre tous leurs ennemis, héros de l'univers, en avant
combattants de la lumière, défendez l'avenir de votre terre pour que
la paix et l'amitié triomphent à jamais." |

Système D. Magazine
À ses débuts, le Dorothée Magazine n'était qu'un journal
publicitaire d'environ 64 pages. Chaque rubrique était présentée
par une vedette de l'émission, Ariane, Jacky, Corbier… Quelques BD se battaient
en duel, mal cadrées, mauvaises photos d'écrans, redessinées
parfois. Pour AB, le Do. Mag. n'avait aucune importance, vu la place qui lui était
assignée dans les locaux : deux tables, au service du courrier. Il n'y avait
rien sur les da. eux-mêmes, seulement la variété de Dorothée.
Tout a changé en 1991 avec l'arrivée d'Andréa Bureau au poste
de rédactrice en chef. Ex-Filippachi où elle avait travaillé
sur OK et Salut magazine, elle connaissait les ficelles pour faire un magazine plein
de soupe pour les mômes. Le Do.Mag. reçu un nouveau look avec des titres
qui font penser à Salut : "Nicky se marie", "les confidences
de Sangohan", etc. Il est tiré à 120 000 exemplaires et en vend
80 000.
Depuis le journal s'est détaché de l'image "Club Dorothée".
Il parle beaucoup moins de Dorothée et toute sa bande et beaucoup plus des
séries diffusées au cours des émissions. Bien sûr, on
a droit au couplet répétitif sur les feuilletons AB, mais le journal
est de plus en plus autonome. Il est fort à prévoir que maître
Azoulay, sur son chalet perché, sonne les cloches du bureau pour que la vocation
première du magazine ne soit pas oubliée : PUB Dorothée.
Septembre 92 a vu naître le dernier bébé d'AB, ou plutôt
de SFC : le Club Plus Vedette. Le numéro un nous donnait espoir, le but de
ce magazine était de parler de toutes les séries que l'on peut voir
sur le petit écran. Le numéro deux comportait déjà plus
d'articles sur les séries d'AB que sur les autres. Et ça n'a pas manqué,
on a maintenant ce que devrait redevenir le Do.Mag. selon Azoulay, et plus rien d'intéressant
sur les bonnes vieilles séries comme Amicalement vôtre. En fait dès
le numéro un, on pouvait sentir la supercherie car toutes les couvertures
présentent des sitcoms d'AB.
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